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40% des études sur les OGM gangrénées par des conflits d’intérêt financiers
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Une forte proportion des études scientifiques consacrées à l’efficacité ou la durabilité des plantes à organismes génétiquement modifiés (OGM) présentent des conflits d’intérêts financiers, conclut une étude publiée jeudi par l’Inra dans la revue américaine PLOS One.
« 40%, soit 229, des 579 articles consacrés aux OGM que nous avons recensés et caractérisés présentent un conflit d’intérêt financier » a indiqué à l’AFP Thomas Guillemaud, directeur de recherche à l’Institut national de recherche agronomique (Inra), qui a signé l’étude avec deux autres chercheurs.
M. Guillemaud, chercheur spécialisé dans la chrysomèle du maïs, a travaillé pendant un an avec Denis Bourguet, spécialiste de la pyrale du maïs, et un troisième chercheur, Eric Lombaert, pour répertorier et analyser un corpus d’études scientifiques parues dans le monde entier sur l’efficacité et la durabilité des semences OGM Bt.
Ces plantes transgéniques, notamment maïs, coton et soja, produisent des protéines d’une bactérie, Bacillus Thuringiensis (Bt, soit la première génération d’OGM, interdits en Europe, NDLR), toxiques pour certains insectes ravageurs qui détruisent les récoltes.
« Nous avons passé 672 études en revue », a expliqué M. Guillemaud. Sur ce total, 404 sont américaines et 83 chinoises. Les études sur les OGM consacrées à d’autres sujets, comme par exemple les risques toxiques alimentaires, ou aux conséquences environnementales ont été écartées.
« Nous les avons réparties en trois catégories, celles dont la conclusion était globalement favorable aux OGM, défavorable, ou neutre ». Ensuite, article par article, les chercheurs ont analysé les affiliations déclarées des auteurs à des groupes semenciers ou de biotech produisant des OGM ou à des sociétés de lobbying travaillant pour eux », a ajouté le scientifique.
Les auteurs de l’étude ont aussi examiné la façon dont les études elles-mêmes avaient été financées.
« Une étude présentant un conflit d’intérêt est une étude dont au moins un des auteurs déclare une affiliation dans un de ces groupes semenciers ou de biotech ou qui est au moins partiellement financée par eux », a-t-il ajouté.
Les articles dont le financement ne pouvait pas être identifié ont été écartés de l’étude, ce qui explique la différence entre le corpus initial de 672 articles et les 579 finalement gardés.
« Le point le plus important est que nous avons aussi démontré qu’il existe une association statistique entre la présence de conflits d’intérêts et une conclusion d’étude favorable aux OGM » a-t-il dit.
« En effet, lorsqu’une étude présente des conflits d’intérêts, cela augmente de 49% la probabilité que ses conclusions soient favorables aux OGM », a ajouté le scientifique.
Parmi les articles sans conflits d’intérêt (350), 36% (soit 126 articles) sont favorables aux intérêts des sociétés produisant les OGM Bt alors que parmi les articles avec conflits d’intérêt (229 articles), 54% (123 articles) sont favorables aux intérêts des sociétés produisant les OGM Bt.
« Nous pensions qu’il y aurait des conflits d’intérêts mais nous ne pensions pas qu’il y en aurait autant », a déclaré M. Guillemaud.
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